Rhino a 18ans, la spéculation immobilière continue de souffler les bougies.
Le Squat le plus connu de Suisse Romande fête aujourd'hui ses 18 ans
révolus. Non content d'avoir sauvé de la spéculation et de la
démolition des immeubles patrimoine urbain de Genève, ce squat à sû
montrer que le logement différemment ça marche.
Au-delà du fait que le marché immobilier est très restreint à Genève,
c'est le moins que l'on puisse dire, ces immeubles intéressent à
nouveau les spéculateurs qui aimeraient bien en faire quelque chose de
financièrement juteux.
Cela
fait 18 ans. Merci Rhino d'avoir sû montrer que la Genève se pouvait
être aussi autre chose que de la promotion économique ou internationale.
Les quotidiens se sont engouffrés dans le piège de décrire les squats
comme des profiteurs du contribuable, comme des privilégiés de l'état.
Ce n'est pas le cas. PaysRomand laisse la parole et la réflexion à
Maurice Pier face à des articles publiés dans la presse locale et
étonnamment simultanés... agenda politique oblige? Vous êtes juges.
2.5 milliards de francs face à 350'000 francs, ne faut-il pas choisir les vraies priorités politiques?
"Je ne peux en l'état que faire quelques commentaires personnels et non
associatifs....... je pense que la meilleure manière de répondre
consiste à remettre en perspective le vilain roquet radical qui se
prend pour la sainte vertu dans les lignes du 20min.
Ce monsieur pourrait consacrer une partie de sa belle énergie
chevaleresque à demander à son collègue de procureur où en est
l'enquête sur la BCGE par exemple, et comment ce même procureur va-t-il
s'y prendre pour que les responsable du trou de 2,5 milliards
n'échappent pas à une juste condamnation, pour cause de prescription.
En effet selon mes calculs, le recherche de la vérité dans cette
affaire est 7142 fois plus importante que les 350 000 .- mentionnés
dans l'article, et beaucoup plus urgente que la course à l'expulsion
chère aux radicaux."
Quelques squatters face à la spéculation dûe à la promotion économique
à tout prix? Quel est le plus grand fauteur de troubles dans le domaine
du logement?
" Pourquoi ? Penchons-nous sur les conséquences directes et indirectes
de la spéculation sur notre Canton, sa population et ses 83% de
locataires :
A l'époque dorée de la spéculation, il y a une crise du logement
artificielle : Les propriétaires restreignent l'offre de logement en
laissant délibérément des immeubles vides. Ils font d'une pierre deux
coups, car non seulement les loyers augmentent selon la sainte loi de
l'offre et de la demande, mais aussi il est plus facile d'acheter et de
vendre à très court terme des objets locatifs vacants.
Parallèlement, au bout de 2-3 ans, les banques se rendent compte des
risques encourus en prêtant des sommes de plus en plus faramineuses aux
spéculateurs et entament une hausse de leurs taux d'intérêts. Pas de
problème : les propriétaires trouvent là une justification pour
augmenter encore les loyers en reportant leurs coûts sur les
locataires."
Pourquoi ne retransformerait-on pas les bureaux qui l'étaient avant à
nouveau en appartements? Pas bon pour l'implantation des
multinationales et la spéculation?
" A la même époque, l'euphorie des reaganomics s'empare du monde
entier, et à Genève tout le monde y croit. On transforme donc des
logements en bureaux et on s'active presque exclusivement dans ce type
de constructions. On ne crée durant cette période pratiquement pas de
logements neufs, puisque il y en reste 2-3000 en dehors du marché
locatif, en réserve."
Serait-il plus facile d'emprunter pour spéculer que pour acheter son logement à Genève quand on a un revenu moyen?
" L'essentiel des capitaux engagés par les banques est donc dirigé vers
des opérations spéculatives. Lorsque tout se casse la gueule avec les
faillites en cascade, il est intéressant d'observer que les loyers ne
baissent pratiquement pas, ou seulement lorsque certains locataires
plus au fait que d’autres en demandent l’ajustement. Le locataire doit
en effet commencer par ce biais à payer les pots cassés de banques
repreneuses de leur gage. voir lien
-> http://www.acanthe.ch/fr/indicators/indicator.detail.asp?id=96"
Pour éviter le bouillon, la BCGE crée des sociétés de portage pour
éviter des faillites trop nombreuses, elle en profite pour passer des
créances pourries à ces sociétés pour assainir ses comptes. Elle prête
encore de l’argent supplémentaire pour tenter de venir en aide à des
régies, dont la Générale Immobilière, qui parfois détourneront les
loyers qu’elles perçoivent. La justice a inculpé Me Fontanet dans la
cadre de cette affaire voici 5 ans, sans suite à ce jour.
voir lien -> http://www.geneve.ch/grandconseil/data/texte/M01665.pdf pour les très
claires explications de M. Stauffer et http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=41005&mode=thread&order=0&thold=0
pour s’apercevoir que le jeu n’est pas fini.
Lorsque le trou de la BCGE finit par causer sa perte, comme l’Etat de
Genève en est garant, les contribuables doivent payer l’ardoise, on
articule la somme de 5 à 10 000 francs en moyenne par ménage et
l’affaire est tristement présentée comme une fatalité.
Cette somme représente 20% du déficit cantonal, invoqué avec hargne par
les députés de droite pour justifier des coupes de prestations dans
tous les domaines du social, de l’enseignement et de la santé.
On ne saura jamais combien les banques privées ont perdu. Ce qui est
sûr, c’est que tous leurs clients ont subi des pertes financières sous
la forme de manque à gagner sur leur épargne ou sur leurs fonds
investis (baisse des taux de rendement). Combien ? je pense que
peu de clients de l’UBS le savent, par exemple."
Les constructions nouvelles ne feraient-elles que expulser les revenus
moyens aux abords de la ville pour laisser place aux hauts revenus?
" Personne n’a construit de logements en quantité suffisante pendant
une longue période….comme les banques sont par la suite assez
réticentes à prêter, le marché de la construction stagne (pas mal
d’entreprises font faillite avec les chômeurs supplémentaires que cela
implique.) voir ->
http://www.acanthe.ch/fr/observatoire.logement.asp
On prend donc un retard considérable sur la création nécessaire de
nouveaux logements. En effet, les immeubles vides qui ont été squattés
par une partie de la population (1500 personnes au max je crois) sont
lentement et surement évacués pour faire de la place à des locataires
payeurs, mais la population augmente dans le même temps, selon des taux
variables mais toujours positifs : voir ->
http://www.acanthe.ch/fr/indicators/indicator.detail.asp?id=638 "
Est-ce que les coûts ne seraient pas diminués pour l'état si les gens
pouvaient vivre à Genève sans subventions, si la spéculation était
freinée et les ambitions économiques de certains un peu plus humbles?
" Cela suffit à expliquer la 2ème crise du logement, celle que nous
vivons actuellement. L’offre s’est restreinte par manque de
constructions, causé par l’aspirateur financier mis en place par les
acteurs de la spéculation. Les loyers augmentent de manière inexorable,
la population est sans défense devant ce cercle vicieux en attendant la
construction de nouveaux logements sur des terrains dont notre brave
Mark Muller vient de revoir le prix de vente à la hausse.
Plus gravement pour les jeunes couples, ceux-ci sont souvent dans
l’impossibilité de déménager dans des appartements plus spacieux lors
de nouvelles naissances d’enfants, sauf évidemment si ces couples
disposent de revenus le leur permettant.
Le couple X est dans un 2 pièces à 800.- et veut déménager dans un 3 pièces à 1200.- à la suite de la venue d’un enfant :
augmentation du budget annuel pour le logement = 14 x 400 = 5600
.- et ce sont des chiffres raisonnables pour des conditions de
logements en-dessous du taux d’occupation standard reconnu par l’OCL
(compter les deux mois d’avance de loyer, sinon la différence est de
4800.-)
Passer de 2 pièces à 4 pièces (loyer moyen 1700.-) pour un couple avec
enfant, ce qui est en accord avec ce taux d’occupation coûte 14 x 900.-
= 12 600.- de plus par an (ou 10 800.-)
Dans bien des cas ces différences de prix sont assumées par la
collectivité sous forme de subventions et d’aide au logement, ce qui
grève encore les finances cantonales et municipales. Combien ? et
pour combien de temps ? plus ou moins de 300 000 francs par
an ?
Si le véritable souci est de limiter les dépenses de la Ville et du
Canton, alors il faut immédiatement procéder à une remise en question
fondamentale du rôle du marché de l’immobilier à Genève, et trouver
urgemment les moyens de mettre fin à ses effets néfastes.
PS : je m’arrête là pour l’instant, le but est de construire un
réquisitoire aussi complet que possible contre la spéculation et le
marché de l’immobilier en général "
Merci à Maurice pour ce long texte, mais bigrement constructif et
surtout avec un point de vue autrement plus ciblé sur le citoyen
modeste. Bonne anniversaire Rhino! Continue à faire vivre ton quartier
et ta ville. Tu as 18 ans, tu es majeur alors profites-en!