un politicien genevois anonyme cherchant à éviter les enjeux réels du débat
| squat Rhino - rappel aux politiciens avant l'évacuation
Le célèbre squat de Rhino à Genève et ses habitants se sont vu proposer
de quitter les lieux qu'ils occupent afin de laisser libre champ à son
propriétaire officiel, mais surtout à tous ses partenaires financiers
de faire, enfin, pas de langue de bois, du bénéfice sur investissement.
La semaine dernière plusieurs milliers de personnes de tous bords se sont mobilisés contre cette décision en manifstant dans les rues de façon pacifique, mais ferme, et c'est qu'il y a une raison.
|
Le débat fait rage, mais plus que de
simplement se demander s'il est juste de permettre aux squatters de
continuer à vivre dans ce lieu d'habitation, social et culturel qu'ils
ont entretenus et proposé à la collectivité pendant plus de 17 ans,
posons-nous plutôt la question de la responsabilité de nos politiciens
face à ces événements. Est-ce que l'investissement ponctuel d'une
personne fortunée vaut celle d'une communauté intégrée pendant 17 ans?
Ne pouvons-nous pas simplement prendre en compte le fait que ces 17
années de présence au coeur de la plus grande ville de Suisse Romande,
sans heurts et avec bonheur, est gage de viabilité politique?
C'est discutable, mais dans l'urgence, il vaudrait mieux ne pas couper
les têtes avant de juger. Le Rhino est une espèce en voie de
disparition, il semble logique de décapiter plutôt un projet immobilier
privé parmi tant d'autres, surtout dans ce cas (on repense au milliers
de signataires de l'initiative populaire obtenues il y a peu) et
avec 0.19% de vacances immobilière en juin 2005 à Genève (chiffres
officiels du Département de l'Economie, de l'Emploi et des affaires
Extérieures de la République et Canton de Genève, 2% est le taux
officiel accepté comme minimum), il est tout simplement fallacieux de
dire que construire des logements est la solution d'urgence. Construire
est une obligation pour le moyen et long terme, mais dans l'urgence les
politiciens doivent avoir le courage d'aller contre leur appartenance
politique si leur bon sens et éthique le leur dit. Il n'est pas non
plus temps de discuter de qui est responsable de cet état de fait, il
faut agir vite. Les projets immobiliers peuvent reprendre en tout temps
au lieu dit Rhino, mais le projet communautaire du même nom ne le
pourra pas.
Hier encore, dans le Matin Dimanche, Madame Martine Brunschwig Graf,
Présidente du Conseil d'Etat Genevois, exprimait le fait que très
nombreux sont ceux qui envient l'attractivité économique de Genève. Il
est probable que nombreux sont nos politiciens qui ont la vision
suffisamment étriquée pour penser qu'attractivité écnomique est fer de
lance de toute action politique, de toute cohésion sociale. Il est bien
sûr plus facile d'extrapoler sur des variables financières que
humaines, mais il devient lassant pour nous autres citoyens de toujours
voir le droit "humain" courber l'échine devant le droit à la propriété
ou financier. On l'a déjà dit dans d'autres articles, on ne demande pas
à nos politiciens d'être des bons comptables, on leur demande d'être
efficaces pour le bien de la communauté, de notre démocratie. Dans le
secteur privé on voit à quel point les bonne idées "humaines" font une
économie fructueuse et pas l'inverse, il serait temps de se le rappeler
dans ce cas.
Il est possible et probable que la majorité de l'impôt genevois
provienne des grandes fortunes ou entreprises économiques de grande
envergure, mais il serait temps aussi de ne pas prendre pour argent
comptant le tissu social confortable et internationalement attractif
tissé par tous ceux qui contribuent au reste: le peuple des classes
ouvrières et moyennes, la majorité des habitants. Est-ce que le fait
d'être un acteur économique important donne le privilège de l'avantage
décisif quand tout les autres arguments sont à égalité? Le jour ou les poubelles ne
seront plus vidées, les policiers en grève, la boulangerie sans pain,
le mécanicien plus là, l'instituteur, le médecin ou le serveur ailleurs
et les centre-ville uniquement habités par des nababs à 4x4 et des
politiciens, il sera clair que ces derniers auront du souci à se faire.
Et c'est ce qui arrive ailleurs aujourd'hui, pas si loin et si
tranquillement dans les banlieues françaises; c'est le résultat d'une politique
similaire à celle de Genève aujourd'hui, mais pratiquée il y a quelques
années.
Il est pressant que les politiciens nettoient leurs oculaires
encrassées et se rappellent quelques points, évidents pour la plupart:
-
le politicien n'est pas anonyme, lui, sa famille et ses amis vivent dans
une communauté composée d'humains qui se côtoient et pas uniquement
d'opérations financières et de présentations Power-Point
-
les humains qui les entourent et font leur confort et sécurité sont
les gens à revenus modeste ou moyens, pas les grands imposables
-
les décisions politiques le sont au nom des humains de cette
communauté, le système économique associé ne se doit d'être là que pour
améliorer la condition de vie des habitants de celle-çi, stabiliser le
bien-vivre de la communauté, pas pour l'aider à atteindre un objectif
financier ou à susciter l'envie des autres...
-
on a exproprié à des fins économiques (aéroport, routes, ...), il
serait temps de l'envisager pour des projets sociaux quels que soient
leur envergure, ne serait-ce que pour voir si ça marche aussi
-
le droit à la propriété ne doit pas systématiquement supplanter le
droit de l'humain; oui au bénéfice économique, mais pas sans limite ou
à n'importe quel prix
- l'argent est le dénominateur commun de l'économie, l'homme de la société
- un politicien en fin de carrière vit dans la communauté qu'il a
bonifié, ou qu'il a épuisé, les générations futures seront là pour en
juger et pour transiger
-
le marketing, la communication, les médias sont aujourd'hui intimement
liés à l'économie privée, il serait bon au politicien de juger avec ses
propres yeux, son intelligence, ses tripes et son coeur et d'agir en
conséquence
Les jours prochains seront révélateurs de ce que le peuple peut
attendre de sa classe politique. Il est sûr que tôt ou tard il
demandera des comptes, ou s'en félicitera, l'avenir nous le dira. Comme
toujours, et ceci quelques jours après Halloween, au final l'enjeu est
humain et pas économique, il serait bon de se le rappeler.
ztr