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Le concours toujours (après son passé)
Avez-vous remarqué, ces derniers temps, la multiplication des émissions
télé du genre : « Les 50 plus grands comiques de tous
les temps » ou « La chanson française du siècle »
ou « Les duos les plus drôles de l’histoire du cinéma » ou
encore « Les 15 hommes de Cro-Magnon les plus célèbres des années
80 »…bon là j’invente un peu mais patience ! |
Mais d’où vient cet engouement télévisuel français pour le super
mieux meilleur de l’extra bien? Et qui fonctionne en plus! A croire que
le présent ne vaut plus rien…aaaah peut-être une piste ?
Essayons ensemble de décortiquer tout ça et parlons musique, par
exemple. En ce moment, qu’est-ce qu’on a dans le business musical?
Une crise. Oui mais ça …vous savez, la crise, il y a un moment où elle
a bon dos…mais ce sera un autre sujet à développer, si vous le voulez
bien. Bien. La crise, elle a toujours existé ; elle est une
identité.
Mettons ça de côté et voyons ce qu’il nous reste :
-un véritable unilatéralisme musical ambiant (appelé VUMA, si vous
voulez, ça fait sérieux comme ça). Donc, la Star Ac’ (que j’appellerais
volontiers la Star Arcade Ennemie), Le rap et la R’n’B (qui a osé
usurpé le terme de rythm and blues, ça je ne sais pas, mais si je le
choppe celui-là…). La Nouvelle Star (bien qu’un tout petit peu plus
défendable, à mon goût)… Bref, tous ces produits qu’on nous force très
légèrement à entendre, pour certains, à écouter, pour d’autres.
-Une « nouvelle » scène française qui remâche les Brassens,
Brel, Ferré avec, pour certains, moins de voix. Cette génération de
minimalistes qui ont ressorti les chemises et les vestes en velours
parce que ouaiii c’est cool quoi.
-Des grands labels (grands ?) qui foutent les « vieux »
à la porte parce qu’ils ne vendent pas autant que le dernier
« Jonathan-truc-qui-attend-ses-parents-à-l-accueil ».
-Les radios ‘uuuuuuper branchées et hyyyyyyyper libres dans leur tête à elles, qui ne diffusent que ce qu’il se vend.
-Des grands labels (grands ?)(labels ?) qui s’insurgent
contre des internautes qui proposent de légaliser leur peer-to-peer si
ces messieurs de la haute daignaient nous offrir un poil plus de
variétés dans leurs catalogues…
-Et, pour couronner le tout, des gars, toujours plus nombreux, comme
moi, qui ne cessent de râler contre tout ça et qui commencent aussi à
nous chauffer les oreilles.
Pas mal comme recette non ? À mon avis, il ne faut pas chercher
beaucoup plus loin….j’imagine les directeurs de chaînes
s’exclamer : « C’est le moment de ressortir le passé les
gars !! » L’avant au secours du pendant, et après ?
Après, pas grand chose. Leur boulot, c’est d’exploiter tout ce qui est
exploitable, pas de se demander si cette morosité artistique va bientôt
cesser, ni comment faire pour l’enrayer…
Parfois, j’ai vraiment l’impression que les médias nous
disent : « Nous avons entendu votre courroux, peuple,
nous allons donc vous donner des raisons de regretter encore plus votre
époque ». Du moment que ça rapporte, c’est sympa. L’horloge de
l’art s’est-elle arrêtée à Brassens ou Brel ? Eh bien, malgré ce
que je viens d’écrire, je ne le pense pas.
Déjà, il y a quand même des artistes relativement nouveaux qui se
démènent pour faire des œuvres qui tiennent bien la route, et qui
tiendront sûrement longtemps.
Mais pas beaucoup… Il y a surtout tout une ribambelle de gaillards qui
ont un paquet de talent à revendre (et j’en connais…) ; qu’ils ne
se démontent pas, je suis persuadé que leur heure va venir !
Contrairement à ceux qui pensent que le milieu musical actuel est
complètement sclérosé comme jamais, je reste persuadé que les plus
grandes et les plus belles étapes de l’histoire de la musique sont
issues d’une crise (le rock, le blues…).
Mais par quel miracle va-t-on s’en sortir aujourd’hui ? J’ai
peut-être ma petite idée là-dessus. En vrac, le véritable ras-le-bol
général ; même les moutons commencent à faire la moue. Les petits
labels qui se mouillent de plus en plus et…internet et ses plateformes
d’artistes autoproduits qui fleurissent comme des Gremlins dans une
baignoire….
Cela dit, on pourrait imaginer un plateau télé : « La
décennie la plus chi….te de l’histoire de l’art», on aurait
peut-être la chance de décrocher le trophée.
Serrons encore un peu les dents va. Avec le temps va. Avec le temps va, tout s’en va.
tvi