| Du coût de la traduction, du coût d'un pays aux multiples facettes.
On est bien dans notre petit pays. On y parle quatre langues et c'est
plûtot une fierté. L'Italien, l'Allemand, le Français et naturellement,
cette langue unique: le Romanche.
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Tout ce petit mélange de cultures
écrites et orales, de sensibilités divergentes réunies sous un seul
toît. Malheureusement depuis quelque temps, il semble que la communauté
numériquement majoritaire ait décidé que cette particularité lui
octroyait le droit de phagocyter les autres.
Et
le web devient un révélateur. Tous les jours nous retrouvons-nous,
non-germanophones, confrontés à des pages web de services de taille
nationale
par défaut en Allemand.
Parfois les plusieurs langues sont à coix, mais l'Allemand est ce que
l'on doit, visiblement, trouver en premier. Quelques exemples frais du
jour:
www.swissquote.ch - "der Schweizer leader im online-trading" (banque en ligne)
www.bluewin.ch - "Bluewin Startseite" (fournisseur d'accès internet)
www.ubs.ch - "You and us. Willkommen bei UBS." (banque)
www.migros.ch - "Marktleaderin im Schweizer Detailhandel." (distributeur alimentaire)
www.coop.ch - "Sparen Sie sich Preis-vergleiche!" (distributeur alimentaire)
et le plus offusquant:
www.ch.ch - "Oeffentliche Verwaltung im Internet" (gichet universel de notre pays...)
... mais la liste est longue.
D'autres sont plus décidés et n'offrent même
pas le choix:
www.ebay.ch - "Schweizweit - weltnah!" (vente aux enchères en ligne)
www.amazon.ch - "Willkommen" (libraire en ligne, renvoie tout simplement sur www.amazon.de, c'est tellement plus simpel!)
...
ou ont l'intelligence de se tourner vers la diversité en se décidant pour
l'Anglais, notre chère 5ème langue nationale:
www.postfinance.ch - "Welcome to PostFinance" (banque en ligne)
Il est pourtant possible de faire efficace en mettant en avant nos multiples facettes linguistiques, et ainsi quelque part
notre culture commune, en un seul clic de plus, que nous appelerons
le clic fédérateur:
www.admin.ch (administration fédérale), www.tcs.ch (Touring Club
Suisse), www.srg-ssr.ch (Société Suisse de Radiodiffusion et
Télévision), ...
Le "schweizerdeutsch" prend pied, pardon à pris pied sur le web, mais
est-ce réellement une volonté de la population? Est-ce la le reflet
d'un désir de conquérir le reste de la Suisse?
Non. C'est l'évidence d'un certain type de capitalisme outrancier, de
groupes désireux de gagner de l'argent avec les meilleures marges, de
se focaliser sur la masse. Et le
marché de masse à langue unique est germanophone,
donc tant pis pour le multilinguisme. Et face à cela, nous autres
Romands, Romanches, Tessinois, devons nous rappeler aux groupes
marketing ou de communications basés à Zürich que si vous ne voulez pas
de nous, un jour nous nous passerons de vous.
Ce clic fédérateur de plus, nous le
voulons. Le symbole d'un pays qui ne recule pas devant un clic de plus
pour préserver sa force personnalité, sa diversité fière et
mutuellement respectueuse.