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Sourire en coin
Vous
avez déjà certainement remarqué que, dans le monde merveilleux de
l’horlogerie, le temps s’est définitivement arrêté à 10h10. Ou plutôt
10h09, soit la position où les aiguilles sont apparemment symétriques
par rapport à l’axe vertical.
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Tradition
? D’anciennes gravures en témoignent, il y a bien, un jour quelqu’un
qui a inventé cette heure magique pour mettre en valeur cette belle
mécanique. Quelques audacieux concepteurs ou publicitaires nous montre
parfois d’autres positions (j’ai encore vu hier une photo d’une montre
réglée à 10h15, quelle audace !), mais dans l’immense majorité des cas,
montres et horloges nous sont présentées dans la position inébranlable
du 10h09.
Pourquoi ? Argh ! Pourquoi ! Pourquoi donc cette
disposition des aiguilles est-elle si valorisante pour montrer et
vendre des montres ?
Première explication évidente :
la symétrie. La symétrie, c’est beau, c’est clair, propre, universel.
Mais, dans notre cas, la symétrie est approximative: dans une
conception mécanique (donc « numérique ») du mouvement des minutes, les
aiguilles à 10h09 forment un angle asymétrique pour une valeur de 1,5°.
Si le système était analogique, la symétrie aurait lieu exactement à 10
heures, 9 minutes, 13 secondes et 84 centièmes.
(Mis à part les
cas d’alignement des aiguilles dans l’axe, soit 00 :00 et 06 :00, les
autres heures de symétrie parfaite sont : (00 :55 :23 :07), (01 :50 :46
:15), (02 :46 :09 :23), (03 :41 :32 :30), (04 :36 :55 :38), (05 :32 :18
:46), (06 :27 :41 :53), (07 :23 :04 :61), (08 :18 :27 :69), (09 :13 :50
:76), (11 :04 :36 :92). Vérifiez si vous voulez, je tiens ma feuille de
calcul à disposition…).
Même imperceptiblement imparfaite en
termes d’angles, cette symétrie de 10h09 est également perturbée par la
taille différente des deux aiguilles. On pourrait faire ici un
parallèle avec certains principes de l’architecture baroque : la
symétrie domine, l’asymétrie est dans le détail. Cette symétrie est
jolie, subtile, mais pourquoi sous cette forme, à cette heure ?
Deuxième explication :
les aiguilles forment la lettre « V ». Le signe de la victoire, un code
pour montrer une valeur positive. Un « V » néanmoins asymétrique à
cause de la petite aiguille à gauche : ça ressemble plus au symbole de
la racine d’un nombre, cette quintessence mathématique qui nous ouvre
les portes des plaisirs du calcul logarithmique… |
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Regardons
encore : plus simplement, c’est le « vu », « ok », « valider »,
caractère typographique (indispensable en informatique) hérité de la
graphie des questionnaires, les célèbres QCM ! Et puis, toutes les
écoles de graphisme enseignent qu’une ligne allant d’en bas à gauche
vers le haut à droite exprime l’ascension, la vitesse, le mouvement.
Quel symbole, ce « V » asymétrique ! Du positif, de la certitude, de la
précision, du dynamisme…
Une dernière hypothèse :
le sourire. Et oui, cette forme si universelle, ce code que même les
bébés comprennent, ce signe de communication qui éclaire le visage. Un
sourire en coin ? C’est ça ! Le sourire fait vendre ? évidemment… |
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Et les oreilles de lapin ? Euh, j'vois pas bien le rapport, là…
ojm
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